Histoire...

Lord rentra subitement de son travail de creuse.

Cette journée n’avait pas été comme les autres, ses muscles étaient courbatus et endoloris -- et ce n’était pas le manque de pratique qui faisait cet effet, son corps ayant finit de s’habituer aux dures conditions de la Rouge depuis pas mal de temps maintenant.
Toute la journée il fut légèrement confus et étourdis, n’arrivant pas à ce concentrer sur son travail. Il n’avait même pas eu le courage d’aller se dépenser au Marsball.
Il savait pertinemment qu’un truc roulait pas rond aujourd’hui.

Il se dirigea vers son vieux sofa -- sofa recouvert d’un cuir usagé, qui lui avait été fournit par la Firme quand il s’était installé sur Mars -- et s’affala dessus.
Il regarda droit devant lui, réfléchissant sur la cause de tout ses troubles.

Une veille télévision, un poste des années 90 affichait un programme de Talk Show où le public applaudissait fraîchement le personnage qui rejoignait le présentateur.
Une présence était à sa droite, une présence féminine et réconfortante, collée à lui, encastrée dans ses bras. Ils étaient assis sur un canapé en cuir blanc, très confortable. Lord souriait, la femme blottie contre lui dormait.
Il était tard, le seul rétro éclairage de la tv illuminant toute la pièce par flashs répétés. Celle-ci était aménagée comme une sorte de petit appartement, un petit nombres de meubles d’appoints ressortaient par endroits, sur lesquels des vases portant de magnifiques roses séjournaient. Une porte ouverte donnait sur un couloir, trop sombre pour apercevoir sa contenance.
C’était un cadre baigné dans une atmosphère plaisante et inspirant un bonheur unique.
Mais la télévision grésilla, le Talk Show se changea en une tête à moitié décomposée avant de s’éteindre soudainement. La pièce se plongea dans les ténèbres, la femme aux cotés de Lord disparu. L’atmosphère qui régnait maintenant était oppressante et angoissante. Des cris féminins stridents retentirent, des hurlements de souffrances.
Il ne bougeait pas, la peur dévisageait son visage quand surgit droit sur lui une sorte de cadavre nécrosé dans un bruit ignoble. La pièce était à présent éclaboussée par des multitudes de taches de sang…

Lord ouvrit les yeux en sursaut, le front suant, la respiration haletante et difficile. Ses mains étaient enfoncées et agrippées au vieux cuir du sofa, allant jusqu'à le déchirer.
Il était dans son bunker, seul.

Il se leva, chancelant, et se dirigea vers sa chambre…



Quand il sortit de sa chambre, il marchait un peu mieux, mais titubait encore par moment, malgré tout l‘acharnement qu‘il mettait à paraître normal.

Le grand terraformer se dirigea lentement vers son scaphandre, le saisit, et s’immobilisa en le regardant pendant quelques secondes.

Il le lâcha d’un coup puis alla vers la cuisine à toute vitesse. Il manqua de tomber plusieurs fois quand il fallait tourner, mais par chance ou reflex inconscients il parvint à rester assez stable. Le temps qu’il mit à arriver à sa cuisine lui parut une éternité.
Lord se pencha directement au dessus de son lavabos et cracha du sang, se raclant la gorge presque à en vomir.

La crise passa au bout de quelques minutes, et plutôt que d’aller travailler, il se dirigea vers son sofa, et s’assit par terre dos au vieux canapé double place. Il chopa une cannette vide de Psycho beer et la jeta rageusement contre un mur devant lui…

"- Putain..."






Quelques temps après, le jeune homme se réveilla délicatement. Il resta à moitié allongé par terre pendant quelques minutes, observant, réfléchissant. Il se leva en gémissant, et, constatant son état physique plus stable qu'avant, se dirigea vers la salle de bain.

Il se débarbouilla vite fait, puis ressortit en direction du sas. Il prit au passage son heaume et l'enfila tout en passant l'imposant bloc de métal...

Lord s'installa dans son vieux sofa, un sachet alimentaire dans une main, une Psycho Beer dans l'autre. Il porta le sachet couleur aluminium à sa bouche, un gout de tomate traversa son palais, il n'y prêta aucune attention.

" - 100 jours... Pour certains Terra que j'ai rencontré, c'est à peine 1 dixième de ce qu'ils ont vécu.
En plus, j'ai vraiment l'impression que j'suis arrivé ici y'a à peine 10 jours moi.

Mais j'ai pas à me plaindre, j'aime ça, enfin, à part ces putains d'hallu'... "

Le gout de tomate s'était transformé en un mélange inconnu, se rapprochant d'une sorte de bouillie steak/frite. Il déposa le sachet à coté de lui, et décapsula la canette avant d'en prendre une grande gorgée, le regard vide.

Cela faisait quelques heures que Sven était rentré de sa creuse journalière. A part la creuse, et le MarsBall, il n’y avait pas grand-chose pour se défouler physiquement sur la Rouge à son goût. Certes, les duels étaient toujours stimulants et défoulant, mais son poste, ainsi que la conjoncture actuelle ne se prêtait pas à ça.

Les hallucinations avaient baissées en apparitions, elles ne survenaient que la nuit pendant son sommeil maintenant, tel de vrai cauchemar, mais quels cauchemar. Elles étaient toujours aussi violentes, voir plus qu’avant. Lord ne voulait pas se tourner vers son passé, pourtant celui-ci n’était guère décidé à partir en fumé aussi facilement…

Il s’avança au centre de son salon, il avait repoussé les peu nombreux meubles qui séjournaient ici, et avait installé une sorte de poutre métallique qu’il avait recouvert d’une couche de cuir d‘une épaisseur d‘un ou deux centimètres. Une deuxième couche de cuire beaucoup plus large (de l‘ordre d‘une vingtaine de centimètres) était disposée dessus à cet instant, cette couche était rattachée par de vieux crochés, et servait uniquement pour en faire une sorte de sac de frappe, en plus rigide...
Un engrenage permettait de faire basculer la poutrelle selon les besoins d’une position horizontale à une position verticale. Elle lui servait pour pas mal d’exercice physiques: un entraînement régulier lui permettait de se défouler physiquement et psychologiquement, ce dont il avait grand besoin à cet instant.

Le grand terraformer était habillé d’un simple pantalon de toile, pieds et haut du corps nus. Une chaîne en métal pendait à son coup, chaîne au bout de laquelle 2 plaques militaires à son nom trônaient.
Son buste était massif, ses muscles larges et puissants, mais pas dessinés à l‘extrême: une musculature façonnée pour favoriser la force brute. Un tatouage d’appartenance tribal partait de son pectoraux droit, passait par son épaule et recouvrait tout son bras droit. Les motifs représentaient une sorte de danse funèbre; un sentiment prédominait, celui d’une présence, celle de la mort. Une cicatrice se mêlait à ce tatouage. Elle partait pratiquement du centre du pectoraux droit, parcourant tout le buste jusqu’à l’aine. On aurait presque dit que le début de cette marque se situait exprès au centre du tatouage, comme si tout avait été prémédité. La cicatrice était moche, elle n’avait pas dû guérir sainement, et avait surtout du prendre beaucoup de temps à se résorber vu le résultat…

Sven s’approcha du pilonne de cuire, tout en se mettant en position de combat. Il commença à donner quelques coups, de vitesse et force faible. Les yeux plongés dans le néant, l’esprit vide, il accélérait la cadence, appuyant ses coups. Ses nerfs commencèrent à envoyer des signaux préconisant d’arrêter, ses poings, ses coudes, ses jambes ainsi que ses pieds s’abîmant à chaque attaques données sur la poutrelle. Après à peine une quinzaine de secondes, le cuir présent sur celle-ci se tassa, se déchirant même à certains endroits sous la force de ces agressions.
Lord soufflait bruyamment, accélérant toujours la cadence et la puissance de ses mouvements, alternants les coups de poings, de coudes, et autres coups de pieds. Maintenant, ses membres saignaient, la peau de ceux-ci était pratiquement déchiquetée et brûlée au contact du cuir, qui lui commençait à céder de plus en plus. La haine, la rage déformait son visage, et sa mâchoire se dilata lorsqu’il cracha un cri digne des plus féroces bêtes qui existent sur la planète Bleue. Il cria encore plus fort, tapant maintenant à son maximum la poutrelle lorsque le cuir vola en éclat, et qu’un enchaînement de deux coups de poings suivis d’un puissant coups de pied l’acheva. L’engrenage la suspendant au plafond explosa sous l’impact, la barre se plia puis vola, sa course stopée par le mur de gauche. Lord relâcha ses bras, une flopé de sang dessinant le mouvement qu’il venait d’effectuer. Il respirait bruyamment, et tomba à genou. Il leva la tête vers le plafond, les yeux clos pendant quelques secondes, avant de regarder ses mains. Elles n’avaient pas appréciées le traitement qu’il leurs avait infligé, et ça se voyait: la peau recouvrant ses phalanges était déchiquetée, le sang ruisselant dessus. Son pantalon ressemblait plus à un vieux short usagé maintenant.
Les traits de son visage se décontractèrent, la haine disparue.

Il eut un léger rictus, suivis d’un rire doux.

"- Une bonne douche s’impose…"

Il se leva, et alla dans la salle de bains.